dimanche, janvier 23, 2005

Mes sagesses incultes

Sagesse de danser de tout mon être jusqu'à l'épuisement, lavée par une transpiration salvatrice, enivrée par le vertige des mouvements en arabesque de mon corps qui se débat avec la terre, défiant le carcan de l'éducation qui nous fait sentir mal à l'aise debout.

Sagesse de rire en laissant éclater ma voix haute et suraiguë, hystérique et féminine, ignorante et inculte, comme un jet brut d'énergie, comme une insulte à la froide discrétion de la modération, une fièvre incontrôlée déferle hors de moi, et arrive comme un crachat sur une joue.

Sagesse de la frustration de ne pouvoir être toujours en mouvement, de ressentir le vide si souvent, de ces temps de repos, de lassitude exacerbés, qui sont autant de champs en friche que de labyrinthes sans issues, de questions en suspens, de tristes souvenirs, de devenir fou.

Sagesse d'occuper ses mains à fabriquer des objets, des dessins, des bijoux, des collages, manipuler des images, cuisiner, décorer, faire le ménage, caresser le chat, tourner les pages d'un livre, tricoter des mirages, car les mains occupent la plus grande partie de notre cerveau mou.

Sagesse de savoir ce qui fait du bien, sagesse de se connaître un peu pour se faire mieux, sagesse inculte ou très culte, peu importe, seul importe qu'elle soit, ou du moins qu'elle tente d'être, qu'elle s'immisce dans la vie comme un souffle sur le cou.